Les chefs d’État de la Cédéao se sont de nouveau mobilisés autour de la situation au Mali, en sommet virtuel, pour trouver des solutions durables à la crise malienne. L’organisation régionale menace de sanctions les opposants à son plan de sortie de crise au Mali qui prévoit notamment le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta. L’opposition rejette pourtant les résolutions de l’organisation et prévoit de mobiliser à nouveau.
Pouvoir et opposition sont toujours en conflit ouvert au Mali. Le Mouvement du 5 juin (M5) ainsi que le Rassemblement des forces patriotiques continuent de réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. La Cédéao, dans cette conférence dirigée par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a pris d’importantes décisions. D’abord, la Communauté demande la démission des 31 députés contestés. Ensuite, les chefs d’État évoquent des sanctions contre tous ceux qui tenteront d’entraver le processus de normalisation.
Deux heures de prise de parole et de débats des chefs de l’État ont ainsi permis à la Cédéao de mettre en place un régime de sanctions contre tous ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de la crise malienne. Dans ses discussions avec ses pairs, le président malien, très soutenu, n’a pas manqué de qualifier les manifestations organisées par l’imam Dicko de « coup d’État rampant ». Aussi, pour rétablir la stabilité au Mali, les chefs d’Etat ont demandé la démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée y compris le président du Parlement, Moussa Timbiné. Cette démission ouvrira, dit-on, la voie à des élections partielles.
À propos de la Cour constitutionnelle, les chefs d’État ont demandé qu’elle soit recomposée. En cas de difficultés de nomination des membres de la Cour par les différentes instances, le président malien pourra alors utiliser l’article 50 de la Constitution pour nommer les neuf membres.
Gouvernement d’union nationale
Par ailleurs, à l’unanimité, les chefs d’État ont recommandé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Ibrahim Boubacar Keïta a donc décidé de constituer un gouvernement de six membres autour du Premier ministre Boubou Cissé – c’est chose faite – et de lui confier la mission de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale, conformément aux recommandations de la Cédéao.
Dans l’équipe de Boubou Cissé, trois ministres conservent leurs postes et trois sont nouveaux. Les portefeuilles des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Administration territoriale ne changent pas titulaire. En revanche, le ministre de la Justice est une nouvelle recrue : ils’agit de Me Kassoum Tapo. Ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali, il a été récemment en première ligne pour défendre le président de la République et pour porter la contradiction à des membres de l’opposition. Il remplace à ce poste un autre avocat Me Malick Touré. Homme populaire, réputé indépendant, ce dernier avait déclenché une lutte contre la corruption.
Au ministère de la Sécurité, un général remplace un autre. M’Bemba Moussa Keita est un ancien chef d’état-major des armés. Il dirigeait jusque-là la réforme du secteur de la sécurité. Il arrive à un moment, où une enquête a été ouverte après une intervention décriée des forces anti-terroristes, lors d’une manifestation de l’opposition. Le Premier ministre Boubou Cissé abandonne le portefeuille des Finances et de l’Économie. Le nouveau titulaire est un banquier à la retraite, Abdoulaye Daffé. C’est un proche d’un chef religieux, le chérif de Nioro, lui-même proche de l’imam Mahmoud Dicko. Peut-être une coïncidence.